La vulnérabilité entre humanisme et post-humanisme anti-spéciste

AutorSandra Rossetti
CargoSandra Rossetti collabore avec le Département de sciences humaines de l'Université de Ferrara, Italie
Páginas58-76
Periódico do Núcleo de Estudos e Pesquisas sobre Gênero e Direito
Centro de Ciências Jurídicas - Universidade Federal da Paraíba
V. 5 - Nº 03 - Ano 2016 – International Journal
ISSN | 2179-7137 | http://periodicos.ufpb.br/ojs2/index.php/ged/index
58
DOI: 10.18351/2179-7137/ged.v5n3p58-76
LA VULNERABILITE ENTRE HUMANISME ET POST-HUMANISME
ANTI-SPECISTE
Sandra Rossetti1
Abstract: The essay examines some of the
major philosophical perspectives which have
addressed the theme of vulnerability, with the
aim of understanding what kind of ontologies
they have produced, and how they have
characterised the related ethics. Particular
attention is placed on some Authors who,
although sometimes very different in relation
to their national and cultural backgrounds,
share the same Jewish origin: Simone Weil,
Emmanuel Lévinas, Hans Jonas and Judith
Butler. The essay shows how these Thinkers
developed an ethics of responsibility. Special
attention is payed to the philosophy of Hans
Jonas and the possible links of his thought with
the philosophy of animal rights.
Keywords: Vulnerability, animal rights,
Jewish thought, ethics of responsibility
Introduction
L'Europe semble inexorablement se
diriger vers un destin de contraction des droits
sociaux gagnés pendant la Seconde Guerre
mondiale. C’est un tournant qui impose de se
1Sandra Rossetti collabore avec le Département de sciences humaines de l’Université de Ferrara, Italie. Email:
sandra.rossetti@unife.it
confronter avec une expérience qui semblait
appartenir à un passé lointain: celle de la
vulnérabilité sociale. "Vulnérable" vient du
mot latin vulnus qui signifie plaie ou lésion.
Vulnérable est donc tout ce qui est exposé à la
possibilité d'être blessé, violé, et endommagé
selon un point de vue à la fois physique et
psychologique. Les causes qui ont conduit à
cette nouvelle phase de l'histoire européenne,
imposant la confrontation forcée avec cette
condition, sont multiples: la fin de l'ordre
bipolaire, l'effondrement de l'Union soviétique
et du socialisme, la déclaration, sous des
formes toujours plus prononcées, de la
mondialisation néo-libérale. Les résultats
politiques et sociaux déterminés par ce modèle
de mondialisation en Europe donnent lieu à un
sentiment généralisé de peur, dont le risque
principal est de déterminer des politiques
sécuritaires de refus de la diversité, de sa
configuration en bouc émissaire sur lequel
décharger l'angoisse généralisée et alourdir le
poids de la vulnérabilité collective. Mais,
conformément à ce que revendiquait le poète
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DOI: 10.18351/2179-7137/ged.v5n3p58-76
allemand Hölderlin, qui écrivait que "là où est
le danger, croît aussi ce qui sauve", la
vulnérabilité peut être aussi vécue comme une
condition générative d'une nouvelle éthique et
de nouvelles façons par lesquelles donner lieu
à des relations interpersonnelles. Celle-ci est la
direction dans laquelle se déploie une partie de
la philosophie morale contemporaine, orientée
vers la recherche de nouveaux paradigmes à
travers lesquels résoudre les difficultés de
notre temps. L'expérience de la vie, comme
étant exposée à la possibilité d'être blessée et
violée peut, en effet, créer un sentiment de
communauté et de solidarité avec les
subjectivités qui ont longtemps été sous la
menace de ce danger: les peuples de
l'hémisphère sud qui, après la deuxième guerre
mondiale, ont vu la transition du régime
colonial au pouvoir économique détenu par les
multinationales occidentales; les exilés et les
apatrides forcés de fuir leur pays; les femmes
et toutes les identités de genre soumises à la
domination patriarcale et, enfin (mais
seulement dans cette liste), les animaux dont la
vulnérabilité à l'exploitation exercée par les
êtres humains détermine toujours des formes
de douleur et des souffrances inimaginables:
on pense aux abattoirs, aux formes modernes
d’élevage intensif, à la vivisection. Dans le but
de favoriser une réinterprétation positive de la
vulnérabilité à travers laquelle réagir à ces
problèmes, l'intervention qui suit, essayera de
repérer, dans l'histoire de la philosophie
occidentale, les formes de réflexion qui se sont
penchées sur ce sujet, pour comprendre quelles
ontologies ont été produites et quelles sont les
éthiques correspondantes.
Thomas Hobbes et Arthur Schopenhauer
philosophes de la vulnérabilité de la vie
La délimitation de cette recherche aux
derniers siècles de l'histoire occidentale est une
conséquence du fait que la notion de
vulnérabilité commence à avoir une
signification philosophique quand la “vie”,
dans sa dimension charnelle et matérielle, est
devenue un sujet de réflexion aux côtés de la
métaphysique traditionnelle et de l'ontologie.
À la vie dans ce sens, il a été consacré un
chapitre entier du livre de Hannah Arendt, The
Human Condition (1998: p. 313-319), dans
lequel l'auteure, en faisant le bilan des
nouveautés et des changements qui ont eu lieu
dans l'ère moderne, a mis au centre de son
discours le nouveau sens dont la vie a été
investie. En tant que sphère de l’être qui unit
l'être humain aux autres êtres vivants, la vie,
observe Hannah Arendt, a été généralement
considérée avec suspicion et, dans la Grèce
antique, elle a même été méprisée, mais à partir
du XVe siècle elle est devenue de plus en plus
importante, ce qui lui a permis de triompher sur
toutes les valeurs utilisées précédemment pour
donner un sens aux actions. Dans la
cartographie des causes responsables du

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