Resenha

AutorRose Panet
CargoEcole Pratique des Hautes Etudes Service de la Scolarité (EPHE)
Páginas153-155
RESENHA
LASMAR, Cristiane. De volta ao Lago de Leite:
gênero e transformação no Alto Rio Negro. São
Paulo: Ed. UNESP;ISA;Rio de Janeiro: NUTI, 2005.
Rose Panet
Ecole Pratique des Hautes Etudes Service de la
Scolarité (EPHE)
Voici un titre de livre qui ne passera pas inaperçu
aux yeux des chercheurs des thématiques sur
le genre, l’ethnie, la sociologie urbaine et les
situations de contact entre Indiens et non indiens.
Volontairement suggestif, le titre entre directement
dans le débat des questions de genre et de migration
urbaine des amérindiens. Cette œuvre commentée,
certainement déjà connue par une grande part des
chercheurs sur le sujet, est une thèse remaniée
soutenue en 2002 dans le cadre du ‘Programa de pós
graduação em antropologia social, Museu Nacional,
de l’Université Fédérale de Rio de Janeiro (UFRJ)’.
Elle a été publiée sous forme de livre en 2005 et
a reçu la mention honorable du concours brésilien
d’œuvres scientif‌iques et thèses universitaires
de Associação National de de Pós-Graduação e
Pesquisa em Ciências Sociais (ANPOCS) en 2006.
Le parcours de Lasmar, encouragée à ses débuts
par Eduardo Viveiros Castro, directeur de recherche
de sa maîtrise, et par Bruna Franchetto, son directeur
de thèse, l’a conduite jusqu’à la ville de São Gabriel
da Cachoeira, Rio Negro. La ville, composée
principalement d’indigènes (80% de sa population),
est la première ville brésilienne à off‌icialiser, en
2002, trois langues indigènes : Nheengatu, Tukano
et Baniwa.
Organisé en deux parties et cinq chapitres,
le livre a pour but de réf‌léchir au mouvement des
habitants du Uaupés (une branche du Rio Negro)
vers le monde des blancs, tout en cherchant à
déf‌inir sa signif‌ication selon les principes de la socio
cosmologie indigène (p.23). L’auteur procède à une
description f‌ine des phénomènes observés dans
la ville en partant de l’hypothèse qu’une réf‌lexion
sur la migration des indiens vers la ville se doit
d’intégrer l’analyse sociologique et cosmologique de
la perception et de la signif‌ication du contact par la
population indigène.
Contactée initialement par l’Institut Socioambiental
(ISA) (dont le siège est installé à São Gabriel
da Cachoeira) pour mener une recherche sur
des dénonciations récentes de violence sexuelle
commises par des militaires envers des femmes
indigènes, l’auteur part en 1995 sur le terrain avec
l’intention d’enquêter sur le discours des femmes sur
cette situation. Néanmoins, en initiant sa recherche
et au cours des huit mois de terrain, dont sept réalisés
à São Gabriel, Lasmar se rend compte que les
relations entre les femmes indigènes et les blancs
se traduisaient non seulement par des épisodes de
violence, mais aussi par des rencontres sexuelles
consenties, des f‌lirts, voire des mariages (p.25). Ce
qui mène l’auteur à comprendre que sans savoir ce
qu’une liaison sexuelle ou conjugale avec un non-
indien représentait pour une indigène de la ville, il
serait très diff‌icile de comprendre les subtilités de la
violence sexuelle de São Gabriel da Cachoeira sans
tomber dans les clichés de la victimisation.
Le désir de comprendre l’expérience sociale des
hommes, et surtout des femmes indigènes dans
la ville, mène l’auteur à changer la perspective
ethnographique de sa recherche en privilégiant
l’étude des mariages mixtes entre Indiens et non-
indiens, perçus comme faisant partie d’un processus
plus complexe de mouvement des Indiens vers le
monde des non-indiens.
Le contexte géographique de sa recherche se
situe dans le bassin du f‌leuve Uaupés, qui s’élargit
sur les territoires brésilien et colombien et comprend
une population approximative de 9.300 personnes.
Cette population se divise en dix-sept groupes
ethniques, dont les Tukano, les Desana, les Kubeo,
les Wanana, les Tuyuka, les Pira-tapuya, les Mitri-
tapuya, les Arapaso, les Karapanã, les Bará, les
Siriano, les Makuna, les Tatuyo, les Yuruti, les
Barasana et les Taiwano qui appartiennent à la
famille linguistique tukano orientale. Les Tariana,
dont la langue est issue de la famille linguistique
aruak, parlent aujourd’hui majoritairement le tukano.
Tout en recourant à une abondante bibliographie
ethnographique sur l’Uaupés, l’auteur concentre
sa recherche ethnographique sur les groupes
indigènes résidant sur le territoire brésilien, en se
limitant aux données de terrains. Pour une meilleure
compréhension du contexte, elle se consacre à l’étude
de l’histoire des premiers contacts entre Indiens et
non-indiens de la région du Rio Negro, sujet auquel
elle réserve quelques pages de son introduction.
Les premiers contacts ont été établis au milieux
du XVIIème siècle par les colonisateurs portugais
qui cherchaient dans la population indigène une
source de main d’œuvre. La résistance indigène et
la caractéristique guerrière de ces peuples ont servi
d’excuse pour légitimer les intentions esclavagistes
et les massacres des plus rebelles. Outre les assauts
de la société esclavagiste, la population indigène a
souffert de la violente répression envers ses traditions
et ses institutions, comme raconte la célèbre histoire
du frei Coppi, l’iconoclaste qui a profané à plusieurs
reprises les masques et les instruments sacrés des
Tariana. En réunissant les femmes dans la chapelle
du village, Coppi a exposé, à leurs yeux, les masques
et les f‌lûtes sacrés, instruments masculins dont la
vision est interdite aux femmes.
C’est dans ce contexte historique qu’ont eu
lieu, dans la seconde moitié du XIXème siècle, les
mouvements messianiques de l’Alto Rio Negro
R. Pol. Públ. São Luís, v.14, n.1, p. 153-155, jan./jun. 2010
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